Blog

LUMIÈRE ZÉNITHALE

Une pièce n'est pas une pièce sans lumière naturelle. Louis Kahn

Si nous occupons une grotte sombre, nous pouvons être protégés des intempéries par la chaleur d'un feu qui nous permet de cuisiner et de raconter des histoires en fin de journée, mais - sans lumière naturelle - nous vivrons dans un terrier. Sans lumière naturelle, il n'y a pas d'architecture.

Si on agence les pierres pour que la lumière puisse passer entre elles, on peut utiliser l'espace intérieur une bonne partie de la journée sans avoir besoin d'un feu et on peut voir ce qui se passe à l'extérieur.

Une entrée de lumière, même lorsqu'elle ne permet pas de voir à l'extérieur - soit parce qu'elle est réalisée avec des matériaux translucides (comme un vitrail gothique ou une fenêtre fermée d'albâtre dans une église romane) soit parce que sa propre configuration cache l'extérieur (comme dans certains treillis ou lorsque nous voyons une série d'échappatoires en raccourci) - nous permettra toujours de sentir le temps qu'il fait, de profiter de la clarté de midi ou d'être effrayé par la lueur d'un orage qui approche.

L'intérieur change au fil des heures et des saisons ; on peut commencer à profiter des dégradés de pénombre qui guident nos activités ou orienter un renfoncement vers un point significatif (une belle vue, une bonne orientation, l'endroit où le soleil se lève à l'équinoxe). L'enveloppe qui nous séparait de l'extérieur se met à vibrer avec la force du soleil et des éléments. La lumière active l'espace intérieur. L'architecture est née.

Si au lieu de capter la lumière horizontale ou diagonale à travers des perforations ou des interstices dans un mur, nous laissons passer la lumière verticale à travers le toit, quelque chose de plus profond que le changement de direction de la lumière.

Lorsque l'entrée de lumière zénithale nous permet de voir le ciel, ce que nous voyons est un extrait isolé de ce qui se passe au niveau du sol : un carré bleu, ou blanc, ou plombé, ou un fragment de nuage. Contrairement à une fenêtre qui nous relie à l'environnement au niveau du sol - au monde terrestre - un trou dans le toit nous fait sentir notre verticalité, cet axe gravitationnel qui nous traverse depuis le centre de la terre et nous relie au firmament, à l'incommensurable.

Lorsque, au lieu de la laisser entrer par un trou visible (un patio, un oculus, un puits de lumière plat), on la canalise à travers des lucarnes, des lanternes et des dômes, la lumière peut produire des effets presque magiques. On peut avoir de la lumière sans voir d'où elle vient. Nous pouvons le faire se répandre dans l'espace et sembler presque liquide, ou le couper proprement avec un faisceau aveuglant, ou former une constellation d'étoiles minuscules, ou le teinter d'ambre ou de sang, ou rendre le lourd en apesanteur.

On peut même construire une grotte de lumière.

A PROPOS DE L'AUTEUR

Iago López est un architecte espagnol avec plus de 20 ans d'expérience professionnelle en Espagne et au Mexique. Il a commencé sa carrière professionnelle en travaillant pendant 6 ans dans deux entreprises espagnoles renommées : Carme Pinós et José Antonio Martínez Lapeña-Elías Torres (tous deux lauréats du Prix National d'Architecture).

Après avoir remporté un concours de design en 2004, il a commencé une période de dix ans en tant que professionnel indépendant au cours duquel il a conçu et construit deux bâtiments de logements sociaux (dont l'un a reçu une mention honorable aux prix de la Guilde des architectes de Galice) ; ainsi qu'un grand complexe de bureaux gouvernementaux, un restaurant et plusieurs maisons unifamiliales.

En mai 2014, il arrive au Mexique pour participer pendant deux ans à la construction de la tour du siège de BBVA-Bancomer. Il travaille actuellement comme directeur du design chez NMS Capital et il a un blog fascinant sur l'architecture et la musique appelé "Bailar sobre arquitectura".